Le pèlerinage fractal de Lukas Steiner dans Le Fou de Bosch de Sergio Kokis

Title: Le pèlerinage fractal de Lukas Steiner dans Le Fou de Bosch de Sergio Kokis
Variant title:
  • The fractal pilgrimage of Lukas Steiner in Sergio Kokis' Fou de Bosch
Author: Prada, Georgeta
Source document: The Central European journal of Canadian studies. 2020, vol. 15, iss. [1], pp. 107-115
Extent
107-115
  • ISSN
    1213-7715 (print)
    2336-4556 (online)
Type: Article
Language
License: Not specified license
Rights access
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Abstract(s)
Le Fou de Bosch, l'œuvre du romancier, peintre et psychologue québécois d'origine brésilienne Sergio Kokis, retrace l'histoire des dérives existentielles du commis de bibliothèque Lukas Steiner, orphelin esseulé, adolescent empoisonné par le Mal, jeune en dérive identitaire. Après un épisode tragique, le personnage principal s'exile à Montréal. Les souterrains de la bibliothèque où Lukas Steiner travaille ressemblent à un véritable labyrinthe envahi par la moisissure, les rats et l'obscurité. Pour le héros, c'est un refuge, une cavité protectrice. En dehors de la bibliothèque, l'univers pictural de Jérôme Bosch, avec ses démons, ses visions cauchemardesques et ses images harcelantes, se défile en instaurant le chaos. Dès que Lukas se prend pour "le témoin du désordre de l'humanité", la déraison, l'angoisse, le spleen et la folie s'emparent de lui. Dans notre contribution, nous nous intéresserons, d'une part, à la double multiplicité créée par Sergio Kokis : le Mal représenté dans les peintures de Jérôme Bosch en liaison avec les hallucinations, les fantasmes, les visions, les chimères du héros et l'identité fractale de ce personnage en quête spirituelle. D'autre part, nous montrerons que le vide de filiation que le héros doit conscientiser et / ou remplir est la source de son Mal, de sa souffrance, de ses obsessions. Faire le deuil, étape intrinsèque de toute démarche exilaire, apparaît dans ce roman à plusieurs volets (récit d'aventure, conte, témoignage, album d'art, journal de pèlerinage) comme un embrouillamini de plusieurs identités : l'étranger, l'ermite des livres, le fou, le vagabond, le pèlerin, le plongeur. Nous mettrons de surcroît en évidence que le cheminement identitaire parsemé de démons, de vertige, de nausée représente une ordalie nécessaire "contre la noirceur" du destin et inévitable pour grandir, guérir et rencontrer "son exister". La nef des fous de Jérôme Bosch et la nef des errances du héros de Sergio Kokis amarrent dans le même port, près du champ qui a des yeux et de la forêt qui a des oreilles.
Le Fou de Bosch, by Brazilian-born Quebec novelist, painter and psychologist Sergio Kokis, tells the story of the library clerk Lukas Steiner, a lonely orphan, a teenager poisoned by Evil, a young person drifting existentially into identity. After a tragic event, the main character goes into exile in Montreal. The underground passages of the library where Lukas Steiner works are like a labyrinth, engulfed in mould, rats and darkness. For the hero, it is a refuge, a protective cavity. Outside the library, the pictorial universe of Hieronymus Bosch, with his demons, his nightmarish visions and his harrowing images, unfolds, creating chaos. As soon as Lukas thinks of himself as the "witness to the chaos of humanity," unreason, anguish, spleen and madness take hold of him. This paper is interested, on the one hand, in the double multiplicity created by Sergio Kokis: the Evil represented in the paintings of Hieronymus Bosch in connection with the hallucinations, the fantasies, the visions, the chimeras of the hero and the fractal identity of this character in his spiritual quest. On the other hand, it shows that the filiation void that the hero must become aware of and/or fill is the source of his Evil, his suffering, his obsessions. Mourning, an intrinsic step in any exile process, appears in this multi-faceted novel (an adventure story, a tale, a testimony, an art album, a pilgrimage journal) as a tangle of several identities: stranger, hermit among books, madman, vagabond, pilgrim, diver. We will furthermore highlight that the journey in search of identity, strewn with demons, dizziness, nausea, represents a necessary trial by ordeal "against the darkness" of fate, one that cannot be avoided if one is to grow, heal and come face to face with one's own "concrete being". Hieronymus Bosch's Ship of Fools and Sergio Kokis' "meandering ship" moor in the same port, near to where, as in one of Bosch's drawings, The Fields Have Eyes, The Forest Has Ears.
References
[1] Kokis, Sergio, Le fou de Bosch, Montréal, Éditions XYZ, 2006.

[2] Baltrušaitis, Jurgis, Anamorphoses ou Thaumaturgusopticus. Les Perspectives dépravées II, Paris Éditions Flammarion, 2015.

[3] Genaille, Robert, Bosch, Paris, Éditions Le Musée Personnel, 1965.

[4] Kristeva, Julia, Étrangers à nous-mêmes, Paris, Éditions Fayard, 1988.

[5] Kristeva, Julia, Pouvoirs de l'horreur, Paris, Éditions du Seuil, 1980.

[6] Jean-Claude Meynard, L'Animal fractal que je suis, Paris, Éd. Connaissances et Savoirs, 2018.

[7] Kjolbro, Norma, "Le mythe de Caïn dans l'œuvre de Sergio Kokis", in Equinoxe, revue éléctronique, 2008 https://www.brown.edu/Research/Equinoxes/journal/Issue%2010/eqx10_kjolbro.html

[8] Pruteanu, Simona Emilia, "L'autobiofiction dans L'art du maquillage et Le fou de Bosch de Sergio Kokis ou deux épisodes d'une "danse macabre"", in Voix plurielles, n°4(2)/septembre 2007.

[9] Tremblay, Nicolas, Compte rendu de [Mort et liberté / Sergio Kokis, Culs-de-sac, Montréal, Éditions Lévesque, coll. "Réverbération", 2013, 250p.], Éditions XYZ, La revue de la nouvelle, (115), pp. 89–92.