Métamorphoses identitaires et paysage dans Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin

Notre article porte sur le second roman du jeune écrivain québécois Christian Guay-Poliquin, Le poids de la neige. L'auteur est lauréat du prix France-Québec, du prix des libraires Libr'à Nous et du prix des collégiens pour ce roman paru en 2016, ce qui lui assure un grand succès auprès du public francophone au Canada, mais aussi en France. Le roman fait partie par sa thématique de la littérature du néoterroir et de la nordicité. On nous propose un récit dont le narrateur est accidenté et cloué au lit dans un huis clos malgré lui et contre la volonté de son soignant. Dès la première page, le narrateur regarde le paysage hivernal. Construit donc sur les thèmes stéréotypés de la neige, du village avec ses chaumières, des personnages solitaires mais solidaires dans l'effort de survivre, etc., le roman s'inscrit dans une indétermination spatiale et une atmosphère d'apocalypse floue et dans un imaginaire hivernal où la neige est géante et meurtrière. Munie des outils du littéraire, nous avançons la thèse suivante : le peu de variations sur le paysage auxquelles on ajoute l'immobilité, la douleur, les relations interpersonnelles complexes et le non-dit, entraîne mais surtout favorise le repliement sur soi et le centrage sur les Autres à la fois. Les métamorphoses du sujet narrant sont en rapport direct avec celles du paysage, embelli et ultérieurement « défiguré », écrasé par la montée de la neige. Elles aboutissent à une reconstruction identitaire intéressante à plus d'un titre.

The present article deals with the second novel, Le poids de la neige, by the Quebec author Christian Guay-Poliquin. Published in 2016, it was awarded the France-Québec prize, the Prix Libr'à Nous, and the Prix des collégiens, confirming his status as a successful author in French-speaking Canada as well as in France. In terms of subject, the novel belongs to the literature of neoterror and northerness. This is the story of an injured narrator who ends up behind closed doors, despite himself and against the will of his caretaker. From the very first page, he watches the winter landscape. Constructed around the stereotypical themes of snow, the village with its cottages, the solitary characters united in their effort to survive, etc., it is representative of a spatial indetermination and an atmosphere of flowing apocalypse in a winter imaginarium where snow is larger than life and veritably murderous. By means of literary tools, the thesis proposed here is the following: little variation in the landscape, doubled by immobility, pain, complex and complicated interhuman relations, as well as the unsaid, all leading to, and mostly enabling, turning in on oneself and focusing on Others at the same time. The metamorphoses of the narrating protagonist are in direct relation with those of the landscape, embellished and then "disfigured," crushed under the weight of snow. They yield a raw identity reconstruction which is interesting in more than one respect.