Le symbolisme aquatique et les personnages féminins dans Les fous des Bassan d'Anne Hébert

La terre de Griffin Creek cache le sort de Nora et d'Olivia Atkins, les deux cousines qui, la nuit de 31 août 1936, disparaissent, englouties par la mer. Leur destin est celui de rejoindre l'abîme aquatique, qui accueille leurs corps, ravagés par le désir de l'homme. Matrice universelle et liquide aux propriétés lustrales, l'eau devient dans l'univers hébertien un témoignage du destin des personnages féminins. Fraîche et printanière, ou ténébreuse et vorace, l'eau est un espace mystérieux, situé entre la vie et la mort, où des générations de femmes ont trouvé refuge. Ces femmes deviennent des nymphes, des naïades ou même des démons des eaux qui séduisent les hommes et les mènent au bord de la folie.

The realm of Griffin Creek conceals the fates of Nora and Olivia Atkins, the two cousins, who, on the night of 31 August 1936 disappear, swallowed by the sea. The two young girls are destined for the womb of this abyss, which welcomes their bodies, violently ravaged by a man. A universal matrix and primordial liquid with cleansing properties, the water becomes, within the Hébertian universe, a testament to the destiny of female characters. Fresh and vernal or wicked and all-consuming, the water is a mysterious place, which lies somewhere between life and death, where generations of women have found sanctuary. In an attempt to reestablish a link with their own body, these women become nymphs, naiads or even water demons who seduce or lure men to the brink of insanity.